Failure

FAILURE

in my defense, i was left unsupervised

L'échec n'est pas une option - seulement le fruit d'une mauvaise organisation. Regardez-les prendre la fuite, classer l'affaire sans suite. La voiture file sous les néons, éblouie son visage grognon. Sa lèvre enflée témoigne d'une bonne raclée ; d'un drame de justesse évité. Elle a l'habitude des plans foireux - mais certainement pas lui. Son regard ose à peine s'attarder sur ses traits renfrognés ; préfère s'écraser contre la vitre gelée. Ils sont dans un sale état, contraints à fuir le combat ; pour cette fois. « Je pense qu'ils ont abandonné » qu'elle lâche à la volée. Les longs silences l'angoissent - surtout les siens. D'accord, elle avait peut-être merdé à un moment donné ; voir à plusieurs. Mais merde à la fin, elle est loin de pouvoir rivaliser avec Catwoman. Ces gars n'avaient même pas hésité à l'allumer en découvrant son identité. De nos jours, les malfrats ne s'embarrassent plus de misogynie ; ils prennent les femmes pour leurs égales. Le monde à l'envers ! Son acolyte n'est pas en reste, arborant de superbes hématomes violacés. Sans parler des diverses plaies ensanglantées et membres violentés. Elle avait même perdu l'un de ses talons dans le feu de l'action ; l'obligeant désormais à marcher pieds nus. Bref, un beau duo de bras cassés.

Arrivés sur le pas de sa porte, elle jette une bref œillade en arrière. Le boss est claudiquant, lui jette les clés sans ménagement. Un mauvais quart d'heure l'attend, mais elle fait mine d'ignorer son jugement. Elle connait le chemin menant à la fameuse trousse de secours ; qui ressemble davantage à un arsenal avec le temps. « C'est bête, j'ai oublié mon costume d'infirmière ». Abby donnerait tout pour un rire enregistré façon sitcom ; car les sourcils ombrageux de Val lui donnent soudainement des sueurs froides. C'est comme refouler sa peur devant un molosse - au moindre signe, c'en est fini. Alors la gouape s'applique, imbibe une compresse de désinfectant... et la colle avec rudesse contre son faciès. « Bon, tu vas le lâcher ton sermon ? Je préfère encore te voir devenir vert plutôt que de subir tes grognements ». Elle s'impatiente presque, fait exprès de le brusquer un peu en insistant sur les lésions. De toute évidence, il est suffisamment robuste pour l'encaisser. C'est ainsi qu'ils fonctionnent, car la notion de subtilité lui échappe complètement. La rue en fit une gosse mal élevée, une mauvaise herbe qu'on ne peut arracher. Bref, un cas particulier que lui seul peut dompter.  @Valefor Czerny

 

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why am i surrounded by idiots ?

Une véritable catastrophe. Une anarchie sans nom - un échec sans pardon. Le genre de situation dont on peut se relever, mais duquel l’égo s’en sort émietté ; démembré, bras et jambes parties pour éparpiller cette détruite fierté. Le front en sueur et en sang, les deux échappés s’extirpent d’une mascarade qui aurait dû se passer à merveille. Une mission qui aurait dû être sans accroc, pour les deux escrocs. Ça aurait dû être facile. Simple, rapide, efficace, comme tout ce qu’ils aiment entreprendre - mais non. Aby a fait des siennes. Un excès de confiance, un pas de côté, un soupçon de maladresse - le pire, c’est que Valefor n’en sait rien. Il avait le dos tourné, et peut-être était-ce là son erreur. De ne pas être né avec des yeux à l’arrière du crâne, et partout dans le dos pour la superviser dans le moindre de ses gestes. Une seconde d’inattention, c’était tout ce dont elle avait eu besoin pour faire dérailler le train de ce plan pourtant si parfait. Maintenant, Valefor a du sang dans les yeux, une chemise déchirée et une frustration grandissante en travers de la gorge. Tout ça pour une foutue seconde d’aveuglement éphémère. Tout ça pour ça.

Et le pire, c’est qu’elle s’autorise à en rajouter. A appuyer son incompétence éphémère par une arrogance carnassière. Elle lui mord la peau par ses mots qui se veulent en sa faveur, elle se défend en creusant plus profondément sa tombe. Le silence de Valefor est certainement plus inquiétant que tous les sermons qu’il pourrait cracher. Ça la frustre, et il le sait - et c’est pour cela que ce morceau-là, il ne va pas le lâcher. « Tu sais ce que tu as fait, tu n’as pas besoin que je te le répète. » Et aussi parce qu’il n’a pas envie. Sa lèvre inférieure est fêlée, et la moindre phrase pique la blessure ensanglantée. Il économise sa salive autant qu’il préserve ses grimaces déformais par l’inconfort de la douleur. « Bon sang, tu fais en plus une piètre infirmière. Comptes-tu me soigner, ou me blesser davantage ? » Même s’il sait qu’ils ne connaissent que très peu la notion de délicatesse, tous les deux. Leur vocabulaire commun est limité à ce qu’ils ont connu. Et tous les deux ont été privés de trop de douceur pour pouvoir en offrir à leur tour. « Tu n’as rien, toi ? », demande-t-il tout de même en lui arrachant la compresse des mains, pour se l’appliquer lui-même. Quelle idée a-t-il eu de se mettre en travers d’elle et de la menace, par-dessus le marché ? Elle aurait mérité de se prendre le coup de plein fouet. Mais il l’a sauvée. Encore, sans savoir pourquoi il l’a fait. Mais il l’a fait. Et quelque chose lui murmure qu’il le referait aussi.  @Abigaïl Willowisp

 

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in my defense, i was left unsupervised

En effet, elle n'est pas bonne à grand chose ; hormis s'attirer des ennuis. Abby se reconnaît un répertoire limité, plutôt habituée à l'improvisation et aux ratés. Mais elle n'aime pas le décevoir malgré tout. Valefor s'efforce de lui mettre du plomb dans la tête, de relever le niveau de sa bande de trouble-fête... en vain. A un moment donné, les vieilles habitudes finissent toujours par refaire surface. Alors oui, elle avait eu un mot plus haut, sans doute un geste de trop. Cet échec lui revient, lui n'y est pour rien. La gouape accepte la sentence, ramène ses genoux sous son menton. Inutile de parlementer, cela ne ferait qu'attiser le brasier. « Tu n’as rien, toi ? » Elle relève la tête, pas vraiment surprise. Derrière ses grands airs de Czerny, il se montre relativement prévenant. Il a le don de la culpabiliser, c'est indéniable. L'intéressée secoue la tête, regarde par la fenêtre. « Tu m'as évité bien pire... comme d'habitude. » qu'elle déclare du bout des lèvres. Son ego semble penaud, il ne transperce plus ses mots. « D'ailleurs, je te remercie... » Ses gestes trahissent l'embarras, mais le ton se veut délicat. Elle le pense sincèrement, son petit numéro prend l'eau. De cette déculottée, elle n'a récolté qu'une lèvre tuméfiée et des bleus disgracieux ; pas de quoi se lamenter.

Abby est plus solide qu'elle n'en a l'air. La rue ne constitue un endroit sûr pour une femme de son gabarit, mais elle apprit à se prémunir de ses travers. Les wisps ont aidé de ce côté, même si le plus gros du travail lui revient. A défaut de cogner aussi fort que les autres, elle se préserve en usant de subterfuges. Abigaïl se dérobe des guet-apens en revêtant des déguisements ; change d'identité pour assurer sa sécurité. Disparaître devient possible quand on occupe intelligemment l'espace. Hélas, la tactique ne s'applique à tous les cas de figure. Parfois, l'affrontement reste inévitable. « Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? » La question lui brûle la langue ; ravive une affaire cuisante. Elle ose lui adresser un coup d'œil par-dessus son épaule - guette le moindre signe d'énervement. Impossible d'échapper au sujet ; il reste sur le feu. « En fait, je comprendrais que t'aies envie de faire appel à un autre wisp. » Personne n'est indispensable, et il a tous les droits. Au fond, elle ne représente qu'une sorte de main d'œuvre facile ; elle en a parfaitement conscience. Valefor est libre de choisir celui ou celle qui servira au mieux ses intérêts. Le Bas fonctionne ainsi.

 

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why am i surrounded by idiots ?

Valefor, il pourrait décider de ne pas s’encombrer du mauvais sort. Suffisamment chanceux pour se permettre d’être joueur, troquer les cartes contre d’autres, cela fait partie de son quotidien. Il pourrait si facilement échanger les pièces qui se livrent des batailles sans merci sur l’échiquier qu’il décidé de conquérir qu’il est presque surprenant de ne pas le voir se débarrasser de ses pions endommagés d’une simple pichenette à la moindre erreur. Mais il ne le fait pas, l’homme avare. Parce que fut un temps, lui aussi faisait partie des pièces bonnes à jeter, des déchets du plateau de jeu sur lequel on le plantait pour mieux le sacrifier. Alors, lorsqu’Abby lui laisse entendre qu’elle ne s’offusquerait pas s’il se décidait à donner sa place de coéquipier à un autre orphelin certainement moins maladroit, le voleur secoue la tête. Accompagnant son geste d’un claquement de langue contre son palais. Il écarte la compresse imbibée d’alcool qu’il pressait jusqu’alors contre l’arcade sourcilière. Il constate que le linge s’est gorgé d’un mélange de sang et de sueur, colorant ce dernier d’une nuance terne de rouge. Il aura peut-être besoin de quelques points de suture pour refermer la plaie, mais il préfère ne pas confier cette tâche à l’orpheline - si déjà elle manque de délicatesse pour désinfecter ses blessures, il n’ose prendre le risque de lui remettre du fil et une aiguille entre les mains. « Ne dis pas de bêtises. », crache-t-il avec amertume tandis qu’il se redresse, commençant à déboutonner sa chemise par le bas. Ses doigts gantées palpent doucement ses côtes endolories. Il les compte, les inspecte, cherche la fissure - par chance, ou plutôt miracle, il ne pense pas constater de fêlure. Mais les ecchymoses ne tarderont pas à noyer l’immaculé de son épiderme dans une tâche violacée, aux vagues prenants le plis des ondulations de sa cage thoracique. « Que tu me fasses courir un danger inutile, d’accord. Que tu manques d’aggraver mes blessures en tentant de les panser, je peux le pardonner. Mais ne t’avise pas de remettre en doute mes choix, surtout lorsqu’il s’agit de qui je choisis d’emmener en mission à mes côtes. Compris ? » Parce que malgré tout ce qui pourrait le pousser à penser le contraire, Valefor ne pense pas que tout le monde soit si facilement remplaçable ; s’il s’était conduit selon ce dictat, il ne serait jamais arrivé au sommet duquel il contemple le monde désormais. Confortablement installé sur son perchoir, Valefor se satisfait chaque jour de ne pas s’être contenté de se considérer comme un éternel naufragé parmi la houle.

Ses doigts cavalent de nouveau vers les boutons de son vêtement, devenu guenille. Il jure dans sa barbe, celui qui tient à ses chemises comme à de véritables trésors - qui aurait cru que l’ancien chien des rues se serait découvert un amour pour les beaux costumes raffinés ? « Et maintenant, on attend. La vigilance de nos cibles est dédoublée, il faut patienter jusqu’à-ce qu’elle retombe. Ensuite… on verra. »

 

(c) oxymort