New York, 2021. La guerre des Corbeaux est terminée. Dans le sang et la poussière, New York renaît de ses cendres. La vie reprend : l’université de magie Brakebills rouvre ses portes et les speakeasies accueillent de nouveau les riches magiciens de l’Upper East Side tandis que les bas-fonds du Bronx enterrent leurs morts. Cinq ans de guerre et rien n’a changé : la magie la plus pure est toujours réservée à ceux qui vivent en Haut, tandis que les relents d’alchimie souillée ruissellent dans les ruelles du Bas. C’est ainsi depuis des siècles, depuis que la Ligne qui sépare New York entre eux a été tracée. Et dans l’ombre, pourtant, la révolte gronde. Les trahisons se préparent et seule la lueur d’une dague tranchera l’obscurité.
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 and other men are also dreams of time (jj)

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Seif Al-Khidr

Seif Al-Khidr

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and other men are also dreams of time (jj)  ·  02/09/21, 10:21 am


and other men are also dreams of time@jj herne
the world is ending darling
or at the very least fading
and the sun doesn’t feel real anymore

Sans un bruit, rongeant l’étoffe de la nuit avec plus de fureur qu’hier encore, l’été s’était abattu sur les confluents de leur royaume, intraitable. L’atmosphère était encore lourde du sang versé autrefois. Déjà lourde de l’incarnat grondant en les veines de ces soldats de plomb destiné à finir sacrifié au combat. La clameur rompait la quiétude des ruelles dévastées par leur solitude nouvelle, les tambours de guerre eux hurlaient au-delà des murs de leur citadelle. La guerre n’était pas là et pourtant le Haut déjà feulait, s’écharpait les os à attendre que l’horreur s’invite en son foyer. Et, dans l’attente, dans cette tourmente que les jours peinaient à épauler, ils ne savaient plus que faire pour jouir des faveurs de ces affres les ayant abandonnés. Les ayant conspués eux et leur hubris. Les fleuves pourpres de leurs regrets n’étaient pas encore venus abreuver les sillons de leurs plaies et pourtant tous déjà pouvant sentir cette balafre. Tous pouvaient sentir l’effroi de ces maux à venir, la chair implorant la blessure de la graciée de son sacre, de mettre fin à ces attentes plus douloureuses que ces souffrances leur étant destiné.
L’atmosphère était lourde de ces horreurs à venir tandis que le tarmac souffrait les assauts répétés de l’astre incandescent et de son ire. Quand bien même s’éteignait à l’horizon ses derniers rayons, l’air était tout aussi écrasant, la sorgue peinant même à rendre au ciel la douceur de ses astres oubliés. Une mince pellicule de sueur enlaçant sa chair, Seif savait qu’il n’était d’endroit capable de le protéger de cette vague de chaleur écrasante. Il savait qu’il n’était plus de refuge en cette moitié de New-York apte à le protéger de la vérité. Anonyme aguerri en ces ruelles, il traînait dans son sillage les reliques de ces brasiers que rien ne pouvait éteindre. Le feu de ces mots trop hâtivement prononcés et la douleur de la chair que rien ne viendra jamais tout à fait adoucir. En sa poche, son portable n’avait de cesse de hurler au silence, vibrant mutiquement dans l’espoir que son maître lui prête la moindre attention. Le jeune homme pourtant continuait avec plus de hargne encore cette procession de foi improvisée, son propre organe palpitant entre ses doigts. Assurant son chant du cygne, marquant les dernières strophes de cette odyssée, son poing vint s’abattre sur le bois ouvragé de la porte de la Herne. Si déjà ses traits n’étaient ravagés par la chaleur étouffante en ce soir de juin, peut-être l’urgence débordant de ses yeux exhibait tragiquement le contenu de ses songes.
Battant avec plus de force encore la porte le séparant de JJ, la bête feulait avec frustration jusqu’à ce que ne semble céder sous ses doigts la cloison. Surpris, défait de tant de façon qu’il ne pouvait exprimer, Seif recula d’un pas avant de se racler la gorge. “Tu comptais me faire attendre toute la nuit?” Soupire-t-il sans aucune malice avant de se faufiler dans l’espace existant entre JJ et le chambranle. La Herne ne le connaissait que trop bien pour croire à cette fausse animosité reposant entre ses crocs. Cela faisait trop d’années que les deux avaient partagées pour qu’elle ne reconnaisse ses airs ronchons et ne se souvienne de la douceur évanescente de ses sourires. Bête en cage en sa propre chair plus qu’en toute autre bâtisse, l’animal sortit son téléphone de sa poche pour découvrir les appels manqués de sa soeur, des messages d’Elham, Aysar, Mehr et Rym. Tant de questions auxquelles il ne savait répondre, tant de décisions qu’il n’avait pas prises. Pourtant, c’était comme s’il était déjà parti l’égaré, emporté par la crue. Coupant son téléphone, il le laissa tomber sur le premier meuble à sa portée, incapable d’affronter plus encore la réalité de sa condition. À peine plus qu’un ouragan venu ravager tout en son sillage, Seif se tournait seulement vers JJ affrontant la mine interloquée de son amie. Embarrassé, l’homme baissa soudainement les yeux avant de passer une main dans ses cheveux déjà bien ébouriffés. “Pardon de débarquer comme ça.” Gronda-t-il trop plein de sincérité quand bien même il ne savait comment affronter le regard de sa cadette. Cette même gamine qu’il connaissait d’aussi loin que sa mémoire acceptait de le porter. Celle avec qui il avait partagé ses connaissances, ses passions. Celle qu’il s’apprêtait à abandonner sans même savoir pleinement expliquer la raison de sa désertion.
 
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