nom, prénom Agnelet sacrificiel offert aux astres, c’est son ichor qui se rompt sous le poids de ces lettres gravées en sa chair. De ce mirage ensanglanté d’une jeunesse passé la tête sous l’eau. Le front ceint des joyaux de leur opprobre, l’apostat souffre diligemment les oripeaux de leur bannière. Dévots aveuglés par le laurier ceignant leurs fronts de sa grâce, le halo mystique de leur ferveur se consume sous le linceul de l’anonymat. Quand bien même l’or rouille et s’écoule le long de leur trachée, il n’est que quelques prunelles à s’arrêter sur les
Al-Khidr et leurs exploits. Dynastie silencieuse, spectrale hydre sévissant à l’ombre de son clan, rares sont ceux à s’intéresser à ces nouveaux riches et leur ascétisme. Frêle oblation écrasée par le poids de sa jeunesse, l’enfant fut arraché à la crue. Arraché au néant et l’avidité de ses babines retroussées. Avant l’orage, avant l’horreur et les émois peut-être existait-il un autre que lui. Peut-être que d’autres lettres rompaient son échine de leur poids avant que son foyer ne soit emporté par leurs eaux. Pourtant, ne reste plus que le souvenir de ces syllabes rongées par la fièvre, ce regard rongé par les flammes.
Seif, la main armée d’une cause lui ayant tout volé. L’ironie du bourreau qui s’éprend de la bête au bout de sa lame.
tw. violence, sang, mort, pensées sombres, maltraitance.
âge, date de naissance. La chair souffre les affres inaltérables d’un temps que rien ne peut endiguer tandis que le long du derme danse les reliquats de ces étés consumés, de ces hivers sanctifiés. Ses iris nivéaux éprouvent encore trop diligemment le givre de ses premiers cris. Né au cœur de l’hiver, c’est en son cœur que se sont abattue les glaces du
4 janvier 1993.
Vingt-huit années sacrifiées pour rembourser la dette de son existence.
clan. Au gré de la sorgue s’élève la méphitique dévotion de l’hérésiarque refusant pardon et c’est pourtant plein d’une obédience rutilante qu’il courbe l’échine. Produit de l’union de la science et de la foi, il porte dans les veines l’éclat mordoré de ces transfigurations ésotériques. Malgré lui, Seif porte la balafre de leur arrogance, au cœur le sceau de leur défiance. Quand bien même il sut se détacher de leurs cabales sanguinaires, il ne peut réprouver les raisons de leurs actes. À jamais
loyal aux Herne et à leurs folies, il passa son enfance la chair translucide quand les prunelles de son clan le criblaient de sa mitraille. Dévoué aux siens à contrecœur, il a beau avoir traversé la ligne, l’Al-Khidr sait qu’il ne pourra jamais tout à fait fuir les prémisses de son existence. Il a beau fuir leur mirage, il ne sait comment se soustraire à ce qu’on lui inculqua.
statut civil. Le regard perdu au précipice de son sourire, c’est l’espace entre ses côtes qui se contracte autour du néant égaré là. A se noyer en ses prunelles, à se perdre en ses soupirs, Seif se remémore le ballet délictueux d’une jeunesse se voulant plus belle. Se voulant autre que vermeille. Flirtant avec le vide, avec l’oubli, il est dans la familiarité de ces sentiments une sécurité sereine. Il est dans la douceur de son étreinte la quiétude de ces trêves inespérées. Quand bien même se consume en sa mémoire le souvenir de ces charniers ravagés. Il l’aurait suivi jusqu’au bout du monde Seif. Il l’a suivit jusqu’au bout de lui-même. La carne écharpée, les pans de son être s’étirent et s’étiolent au gré de l’orage. Il l’a suivi jusque ne plus savoir jusqu’où il s’étend, en proie aux éléments. Le coeur égaré, les premiers émois oubliés, ce sont ses sentiments qui font le trottoir et lui qui prétend éprouver encore quoi que ce soit de ce qu’il éprouvait avant. Par facilité, par sécurité, par peur de regretter l’homme qu’il était autrefois.
occupation/activité. Dans l’étreinte de ces nuits sans sommeil, arraché aux nues et à leur clair obscur, il perdit ses lettres de noblesse contre quelques deniers. À l’ombre de ces morts de l’âme, ces rêves abandonnés sur le bas-côté, il n’était que sang verser pour venir sustenter l’horreur et sa famine. Il n’était que ses poings serrés pour lui assurer de quoi subsister jusqu’à la fin du mois.
Street fighter involontaire, il en essuya des coups à ne savoir comment se défendre lui qui s’était reposé jusqu’alors sur son don pour la magie. Spolie de la grâce des astres en ces terres étrangères, il lui fallut apprendre à ne plus compter que sur ses poings et l’arme toujours camouflée à sa ceinture. Il lui fallut admettre que les talents pour lesquels on l’avait si souvent encensé n’était plus et qu’il était toujours plus de lui qui se retrouvait perdu au gré de cette guerre. Incapable de soutenir les iris inquiétés de sa colocataire, Seif dégota un travail plus conventionnel. Embauché pour sa gueule ravagée, la nuit dans son regard, il est devenu
vendeur au Magpie Herbarium faisant fuir les fauteurs de trouble et découvrant progressivement les subtilités de ce qui se découvre entre les murs de la bâtisse.
traits de caractère. Soldat de plomb, pieux hérésiarque, cœur magma, la chair esseulée, les traits cassés, Prométhée condamné, les fondations branlantes, violence sereine, loyal inconscient, stratège rationnel, impénitent, attendrissant grincheux, égotique arrogant, polymathe en quête de savoirs, gamin effrayé.
carte du tarot. the judgement ; la sentence implacable qui vient incomber celui redoutant tout jugement, la peur qui l’assaille, le doute qui le ronge. Le regard d’autrui qui se fait accusateur quand il est pourtant son propre bourreau. Le jugement des autres et puis le sien, juré condamné à son propre destin, condamné à réprouver ce qui l’anime et questionner ce qui le guide.
crédits. kidd (ava); vocivus (icons).